L'ID Commerciale, par le Docteur Danche

 

§5bis Viens dans ma fourgonnette danoise

Entre 1949 et 1953, pour contourner les lourdes taxes locales et proposer un prix de vente plus attractif, la filiale danoise transforme 550 tractions avant 11BL neuves en commerciales aux normes locales, c'est à dire en condamnant complètement les fenêtres arrière.

Ces transformations contournaient les taxes, mais surtout, elles offraient aux particuliers la possibilité de tout simplement acheter une voiture, ce qui n'était pas si évident du fait des restrictions de l'après-guerre.

Il existe aujourd'hui au Danemark trois survivantes sur les 550.
Voici l'une d'entre elles.

Aux 75 ans de la Traction, à Arras en 2009, j'avais même vu un véhicule portugais qui est, je pense, une simple évocation, le système de fermeture arrière étant manifestement très différent de celui de la bleue, qui est, elle, une des trois survivantes authentiques.


Quand la DS (ou plutôt l'ID) arrive, rebelote, et la filiale danoise se penche sur la question de la transformation d'une ID break en une commerciale aux normes danoises. Mais le cas est plus complexe: lunette arrière, etc.

Au final, seuls 34 exemplaires d'ID break tôlées seront préparés au Danemark entre 1960 et 1964, et aucun n'a, semble-t-il, survécu.

Pire, on n'en connaissait rien, aucune archive, sinon un dessin, reconstitué en 1985 d'après des témoignages d'époque par un Citroëniste local, Jens Møller Nicolaisen.

Ce dessin a été reproduit dans l'ouvrage d'O de Serres, "la DS, au Panthéon de l'automobile", le voici.

En 2014, coup de théâtre au royaume du Danemark.
Non sous la forme d'une survivante (faut pas rêver), mais sous la forme d'une extraordinaire photo d'époque, que voici.

On y voit une étrange plaque d'immatriculation jaune et noire, en vigueur entre 1957 et jusqu'à environ 1970.

Cette plaque, appellée "perroquet" au Danemark, était à mi-chemin entre les plaques entièrement noires des voitures privées, et les plaques entièrement jaunes pour les voitures sans taxe d'immatriculation à usage de commerce/entreprise.

Elle permettait, pour les voitures commerciales partiellement utilisées pour des voyages privés, l'accès à une taxe plus basse, avec la condition de bien respecter les restrictions concernant les fenêtres.

Et sur la photo, on voit en effet distinctement le tôlage arrière d'aspect artisanal de la filiale danoise, complètement en phase avec le dessin de 1985.

L'hsitoire de la redécouverte de cette photo est jolie.

Le propriétaire de la traction bleue est le fameux J-M Nicolaisen. Lors d'un rassemblement Citroën en 2013, un gars voit sa voiture, et lui dit qu'il a eu un break ID identique, "en plaques perroquet". De fil en aiguille, JM Nicolaisen lui demande s'il en a une photo, le gars cherche dans ses archives... et il la retrouve! Et elle est en couleurs!

Imaginez un peu l'émotion de ce danois fan du modèle, qui avait fait le dessin en 1985, et qui obtient enfin une photo couleur en 2014, 28 ans plus tard! Pour les amateurs, voici l'histoire, en danois:

http://www.motorhistorisk.dk/index.php?option=com_content&view=article&id=237

Parmi les 34 exemplaires construits, il y eut 2 versions:

- une version à plaques "perroquet", à taxe réduite, pour un usage partiel à des fins privées, avec  banquette arrière et portes ouvrables à l'arrière, mais toujours sans fenêtres.

- une version à plaques jaunes, sans taxe, pour un usage uniquement commercial, et donc sans banquette arrière et avec les portes arrières bloquées et sans poignées.

Il nous manque donc encore la photo de cette seconde version qui était celle illustrée sur le dessin de 1985.

Et bien sûr une jolie vue de l'arrière des deux versions!

Allez, Messieurs les Danois, encore un petit effort!

Lire la suite: §6 Présentation de quelques ravissantes commerciales